Dans un futur proche, Lalou, un berger de dix-neuf ans, se rend dans un hôtel perdu au cœur de la montagne. Là, il retrouve en secret Harmony, une androïde dont il est follement amoureux. Mais son départ à la guerre se rapproche et Clara, son amie d’enfance, vient lui rendre visite par surprise...
Scénario & réalisation : Céline Gailleurd et Olivier Bohler
Durée : 25 minutes Genre : Fiction
Lieux de tournage: Région PACA – Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence
Calendrier :
Préparation : avril 2020 – Tournage : septembre 2020 – Post-production : 2021.
Jouant avec les limites de la science fiction et du conte fantastique, nous souhaitons explorer les contours étranges de notre attachement sentimental aux machines, et la place grandissante qu’occuperont bientôt les robots dans nos rapports affectifs. Ces androïdes ouvrent des questions vertigineuses sur notre capacité à leur attribuer des qualités humaines, une âme et un coeur. Lalou est un jeune homme de la campagne qui découvre l’amour. Il perçoit l’amour d’Harmony comme tout entier poétique, romantique, détaché des contingences matérielles. Auprès d'elle, la vie prend des allures surnaturelles qui l’entrainent dans un monde fictif et irréel.
Loin des univers urbains traditionnellement décrits par la SF, qui souvent aseptisent et étouffent la vie dans de froides dystopies, nous voulons un film inscrit au coeur des décors dans lesquels nous avons grandi, sous un soleil éblouissant, dans des paysages de montagne saisissants, au milieu d’une immensité sauvage qui porte en elle une dimension métaphysique.
Nous avons choisi de tourner la plus grande partie du film dans les Hautes Alpes et les Alpes de Haute Provence. Ces décors situés en altitude offrent des paysages désertiques, minéraux, pétris d'étrangeté. La cabane de Lalou est plantée là, dans ces paysages lunaires situés, au pied des sommets. Ici, les étendues désertiques, l’herbe rase, les lacs sauvages, les blocs de pierres grises, véhiculent une impression de bout du monde, mêlée à une sensation de catastrophe : des espaces profondément accidentés, aucun arbre, pas d’oiseaux...
Pour Lalou, Clara, comme pour la bande de copains, nous ferons appel à de jeunes acteurs non professionnels originaires de cette région, pour qu’ils soient comme une émanation des paysages et nourrissent le film de leur propre rapport au monde. Leurs visages, les gestes du quotidien lorsqu’ils sont dans la montagne, seront la matière première de Harmony. Nous reconduirons avec eux le travail mis en place avec des adolescents non professionnels à l’occasion de notre court métrage Dramonasc.
Pour ce film, l’enjeu artistique des VFX est d’introduire, dans un univers rural et quasi contemporain du nôtre, des éléments d’anticipation, afin de créer un monde envoûtant et poétique, et ouvrir ainsi à une réflexion sensible sur notre propre capacité d'attachement sentimental à la technologie.
Suivant une logique de fascination pour un monde virtuel, nous souhaitons que le spectateur soit, comme nos personnages, envouté par ces chimères technologiques qui donnent à éprouver de courtes épiphanies.
DRONE
La technologie à LED permet d'emmener sur un drone suffisamment de lumière pour éclairer des zones très large. Technologie de la surveillance, elle devient le témoin des dernières séquences d'Harmony : la machine observe la machine.
CAMERA THERMIQUE
L'utilisation d'images en caméra thermique marque un basculement dans le film. Harmony elle-même sent qu'elle perd pied, sa main d'androïde ne fait plus illusion près du corps chaud de Lalou. Leur amour se dissout dans ces nouvelles couleurs.
DATAMOSHING
Pour la séquence dans laquelle Harmony se fait formater, nous avons souhaité faire une première tentative de datamoshing, à partir d’images trouvées sur Internet, cherchant à restituer le point de vue robotique de l’androïde. Nous souhaitons approfondir ces recherches visuelles.
PROJECTIONS
Harmony fait apparaître sur les murs ses souvenirs avec Lalou, comme si elle se tenait devant un écran de cinéma, qui en est l'illustration. Ces projections, qui évoquent l'ouverture du Personna de Bergman, seront effectuées en direct, à partir de clips préalablement détériorés par des effets de d'altération numérique des images. Nous créerons ainsi, de manière totalement visuelle, un crescendo émotionnel des sentiments d'Harmony, sur lequel l’actrice pourra synchroniser son jeu.
Il est important, pour nous, que notre personnage Harmony soit pétrie d'émotions, sûre de son ascendant sur Lalou et en même temps fragile. Harmony parvient-elle à un début de conscience ? Peut-être. Mais le plus important est que Lalou – comme le spectateur – projette des sentiments sur elle, croie à son humanité, alors qu’elle n’est qu’une machine.
Si Harmony est un androïde extrêmement réel, des retouches numériques seront cependant nécessaires pour la figer dans les moments où elle est censée être en « pause », ainsi que lorsqu'elle a des bugs : il nous faudra alors rendre certaines de ses expressions vraiment robotiques, en accentuant ses à-coups faciaux ou corporels, et en exagérant quelques battements de paupières. L'efficacité visuelle des instants qui révèlent pleinement la machine qu'est le corps d'Harmony reposera de manière essentielle sur les effets numériques, couplés aux SFX.
Céline Gailleurd est née à Nice. En 2011 elle soutient la thèse de doctorat consacrée aux survivances de la peinture du XIXe siècle dans le cinéma italien des années 1910. Après avoir été vacataire à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, elle est à présent Maître de Conférence en Cinéma à l'Université de Paris 8. Elle y enseigne l'analyse filmique, travaille avec les étudiants sur la représentation de l'adolescence au cinéma et organise des ateliers de rencontres avec de jeunes cinéastes français. Céline Gailleurd collabore aussi à différentes revues de cinéma.
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Olivier Bohler est né à Marseille. Après des études de Lettres Classiques, il a enseigné le cinéma à l’Université d’Aix-en-provence, et publié de nombreux articles. En 1998, il dirige l'ouvrage Pier Paolo Pasolini et l’antiquité, et soutient en 2000 une thèse dédiée à Jean-Pierre Melville. Il participe ensuite à la coécriture de plusieurs scénarios, puis fonde Nocturnes Productions avec Raphaël Millet en 2007, dont il produira plusieurs documentaires : Pierre Schoendoerffer, la sentinelle de la mémoire (2012), Le Voyage cinématographique de Gaston Méliès dans les mers du sud et en Extrême-Orient (2016), Chaplin à Bali (2017). En 2009, il réalise son premier film : Sous le nom de Melville, dédié au cinéaste Jean-Pierre Melville, accueilli dans plus d'une quarantaine de festivals et rétrospectives dans le monde. Il produit aussi le court métrage de fiction d'Arnaud Bénoliel, A Mi-Chemin (2012, 23 mn), avec l’acteur Laurent Lucas, présenté à la Cinémathèque Française et dans plusieurs festivals internationaux. Olivier Bohler est par ailleurs chargé de cours à l'Université de Paris 8.
Dramonasc (Céline Gailleurd et Olivier Bohler, 25 minutes, 2018)
Lieux de tournage : Région PACA – Hautes-Alpes (05) et Alpes-de-Haute-Provence (04)
Production : Nocturnes Productions, Neon Productions, Entre2prises, Les Melvilliens
Festivals : Prix du public - Festival International du film d’Aubagne ; Festival Nouv-O-Monde de Rousset ; Rencontres Cinématographiques de Digne-les-Bains ; Paris Short Film Festival ; Festival du Premier Film Francophone de La Ciotat ; Prix Unifrance Cannes 2018 ; Festival Côté Courts (Pantin) ; Monterrey International Film Festival (Mexique) ; Festival Renc’art au Méiès (Montreuil) ; Un Festival, c’est trop court (Nice) – Prix Courts D’Ici ; Rencontres du court-métrage Court c’est Court (Cabrières d'Avignon) ; International Sound & Film Music Festival in Croatia ; Festival du film français en République Tchèque (Prague, Brno) ; Festival Court c’est Court ; Festival Tous Courts (Aix-en-Provence) ; Sélection "Coups de coeur courts métrages de la SCAD" décembre 2018
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Edgar Morin, Chronique d’un regard (Céline Gailleurd & Olivier Bohler, 81 minutes, 2015)
Production : Nocturnes Productions. Participation : CNC, Ciné +, PACA, Musée du Quai Branly, Institut français d'Allemagne, Scam Brouillon d'un rêve, Sacem.
Festivals : Festival Lumière (Lyon, 2014) ; Festival Itinérances (Alès, 2015) ; Rencontres Cinématographiques de Digne-les-Bains (2015) ; Rabat FICAR (Maroc, 2016) ; Festival Voilah ! (Singapore 2016) ; Festival de l'Histoire de l'Art (Fontainebleau, 2016)...
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Jean-Luc Godard, le désordre exposé (Céline Gailleurd & Olivier Bohler, 65 minutes, 2012)
Production : INA, Nocturnes Productions, Imagia. Participation : CNC, Ciné +, Ministère de la Culture et de la Communication (CNAP), Ville de Genève, Angoa, Procirep.
Festivals : Etats généraux du documentaire de Lussas (2012) ; Loop Barcelona (2013) ; Doc Buenos Aires, 13° (Argentine, 2013) ; Itau Cultural (Sao Paulo, 2013) ; Beirut Art Center (Beyrouth, 2013) ; Pointligneplan cinéma et art contemporain (FEMIS, 2013) ; Tate Modern (2014) ; Yamagata International Documentary Film Festival (2015) ; Festival de l'Histoire de l'Art (Fontainebleau, 2016) ; National Gallery Singapore (2016) ; Mostra Internazionale del Nuovo Cinema di Pesaro (2016)